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Changement climatique

L’évaluation des connaissances faite par le GIEC….

Sophie Szopa est Directrice de recherche CEA au Laboratoire des Sciences du Climat et de  l’Environnement. Elle est également :

Auteure principale et coordinatrice d’un chapitre du rapport WGI

Auteure du Résumé pour décideurs WGI

Auteure contributrice au Rapport de synthèse WGI-WGII-WGIII (à paraitre en mars 2023).

 

Le groupe I (WGI) évalue les bases physiques du climat et analyse les climats passés, présents et futurs. Il utilise différents scénarios possibles d’émissions de gaz à effet de serre émises par l’humanité pour projeter les différentes évolutions possibles du climat dans le futur.

Le groupe II (WGII) évalue la vulnérabilité des sociétés humaines, des écosystèmes et des systèmes socio-économiques face à la dérive climatique, les conséquences du changement climatique, et les options d’adaptation.

Le groupe III (WGIII) évalue les possibilités d ’atténuation du changement climatique, en analysant les moyens de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, leur coût et les possibilités ou freins à leur déploiement.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, Sophie Szopa nous rappelle que c’est à Stockholm, en 1972, que la conférence des Nations Unies sur l’environnement pose les bases du GIEC à venir. Puis elle aborde la façon dont les savoirs sont construits, et le nombre croissant de publications traitant du changement climatique.  Les rapports du GIEC sont co-construits avec les gouvernements, puisque ce sont les gouvernements qui fixent les missions du GIEC. Ces derniers interviennent à plusieurs étapes de la production (cf schéma) des rapports. Sophie Szopa attire notre attention sur les « Gap Reports » qui analysent l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions et dont la rédaction est plus libre car elle n’est pas revue par les gouvernements.

 

1.    Où en est-on ?

Atmosphère, cryosphère, océans et terres émergées, les quatre composantes du système climatique, sont affectées par des changements, rapides, généralisés, inédits, et qui s’intensifient et qui génèrent des évènements extrêmes plus graves et plus fréquents. Les activités humaines sont la cause d’un réchauffement planétaire de +1,1°C depuis la révolution industrielle. Ce réchauffement résulte du réchauffement lié à l’accroissement des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, réchauffement en partie masqué par l’effet refroidissant des aérosols – mauvais pour la santé- (p15)

Chaque région du monde est affectée de multiples manières. En dépit des efforts d’adaptation, les impacts sont généralisés et graves pour le vivant (pertes de biodiversité) et les sociétés humaines (stress thermique, pénurie d’eau, insécurité alimentaire et inondation). Les impacts et risques sont de plus en plus complexes et difficiles à gérer, et pour certains irréversibles. (p.12) Pour illustrer cette aggravation des risques et la complexité de la gestion, Sophie Szopa a choisi la survenue simultanée de la chaleur et de la sècheresse à Stress thermique pour les travailleurs et baisse de rendement des cultures à Réduction de la productivité à Augmentation des prix de la nourriture à Réduction des revenus des ménages à Effets locaux et potentiellement des effets globaux.

Les risques portent aussi sur les principaux systèmes d'infrastructure, tels que l’assainissement de l’eau, les systèmes de santé, les transports, les communications et la fourniture d’énergie, seront de plus en plus vulnérables si les normes de conception ne tiennent pas compte des conditions climatiques futures.

 

Description des 4 scénarii du GIEC :

Les 4 scenarii jusqu’en 2100, émissions de CO2 et réchauffement de la température.

Nous pouvons agir et pour stabiliser le réchauffement de la planète, il est nécessaire d’atteindre net zero CO2 et de réduire fortement les émissions des autres gaz à effet de serre.

2.    Des actions peuvent être prises pour réduire les risques pour les personnes et la nature

 

De nombreuses mesures d’adaptation sont disponibles mais leur efficacité et leur faisabilité économique, technologique, institutionnelle, socio-culturelle, écologique et géophysique sont variables. C’est probablement plus facile de construire une digue que de déplacer des personnes mais il est important de considérer les risques de maladaptation et d’intégrer la dimension humaine (socio-culturelle) dans l’analyse des solutions. Ces mesures d’adaptation doivent être combinées aux mesures d’atténuation. Par exemple, face à l’élévation du niveau de la mer, les mesures d’atténuation permettent de stabiliser l’élévation du niveau de la mer autour de 4mm/an alors que les mesures d’adaptation basée sur les écosystèmes, les protections basées sur les sédiments, les digues ou le rehaussement des habitats permettent de diminuer la vulnérabilité des populations p.53

Certaines composantes du système climatique réagissant à l’échelle de décennies et d'autres à l’échelle de siècles, les besoins de dimensionnement d’ouvrages littoraux doivent considérer ces échelles de temps et les risques d’évènements de faible probabilité, fort impact. Plus globalement, les mesures d’adaptations doivent intégrer les incertitudes et les scénarios moins favorables.

A court terme, diverses réponses d’adaptation faisables existent pour faire face à certains risques liés au climat. C’est le cas pour la gestion de l’eau (agriculture et eau potable), le renforcement de la sécurité alimentaire, la transformation des villes et l’adaptation des habitats informels. P56-58

Les 3 limites à l’adaptation :

  • la maladaptation, qui est une adaptation avec des effets indésirables induits. La climatisation, solution attrayante à court terme masque une dépendance au prix de l’énergie et à la consommation d’énergie, génère une pollution sonore et exacerbe les effets d’ilots de chaleur.
  • Le niveau de réchauffement atteint. A partir de +2°C, de nombreuses zones actuelles de cultures deviendront impropres aux cultures vivrières.
  • L’utilisation non soutenable des ressources naturelles, la destruction des habitats, l’urbanisation croissante et les inégalités réduisent les capacités d’adaptation.

Il y a de plus en plus d'actions prises pour limiter le réchauffement climatique. Certains pays ont réduit significativement leurs émissions et des objectifs de zéro émission nette ont été adoptés par au moins 826 villes et 103 régions. Dans chaque secteur, il existe des solutions disponibles aujourd’hui qui permettraient de réduire au moins de moitié les émissions d'ici à 2030. p76. Le sujet des villes en forte croissance et les villes nouvelles, sont traitées dans le chapitre 8 du WGIII et les bâtiments dans le chapitre 9 du même rapport. p79-82.

Conclusion :

Sophie Szopa termine sa présentation par les mots suivants : « Les contributions importantes aux réductions d'émissions proviennent de l'énergie solaire et éolienne, des améliorations de l'efficacité énergétique, de la conservation de l'habitat naturel et des réductions des émissions de méthane (extraction de charbon, pétrole et gaz, déchets).

Il existe un potentiel important à court et à moyen terme grâce à des changements dans les transports, l'industrie, les bâtiments et l'utilisation des terres qui permettront aux gens de mener plus facilement des modes de vie à faible émission de carbone et, en même temps, d'améliorer leur bien-être. D'ici 2050, une combinaison de politiques efficaces, d'infrastructures améliorées et de technologies conduisant à un changement de comportement a le potentiel de permettre des réductions des émissions de GES de 40 à 70 %. » Allons-y !

Pour aller plus loin :

 

  • Sophie Szopa est également coordinatrice d’un chapitre de rapport du GIEC dans le volet I "Les bases physiques du changement climatique", contributrice au "Rapport pour les décideurs".
  • Lire le Résumé pour tous en français
  • Pour comprendre et enseigner de manière pluridisciplinaire les enjeux de transitions, le livre co-dirigé par Sophie Szopa est en accès libre « les enjeux de la transition écologique » chez edp sciences

Conseils et encouragements de Sophie Szopa :

  • Se référer aux informations régionales pour les décisions relatives à la gestion de risques et à l'adaptation https://interacive-atlas.ipcc.ch/ , notamment pour le dimensionnement des ouvrages
  • Faire évoluer les pratiques-métiers en permanence, le GIEC publie des facts sheets par secteurs d’activités https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/resources/factsheets/, il en existe pour chacun des rapports
  • Utiliser les pratiques les plus récentes qui seront les plus adaptées
  • Lors des crises, penser au-delà des réactions à court terme et développer une vision à long terme
  • Lire transversalement les 3 volets du 6ème rapport du GIEC pour le secteur du bâtiment. A plusieurs, c’est plus facile.  Si vous êtes intéressé(e) par un atelier de lecture en groupe, vous pouvez me contacter claire.vaillant@protonmail.com ou 06 6302 9370